Les socialistes s’amusent avec raison de la rupture installée à l’UMP. Mais ils ne voient rien de la fracture qui les menace. À gauche comme à droite, les mutations idéologiques qu’impose le XXIe siècle seront douloureuses. L’opposition le découvre, avec la drôle de guerre entre Jean-François Copé et François Fillon, qui n’osent s’avouer ce qui les sépare. Mais le désaveu infligé par Jean-Marc Ayrault à Arnaud Montebourg, ce week-end, sur le dossier Mittal a fait pareillement apparaître l’existence, au cœur du pouvoir, de deux politiques. Elles sont plus irréconciliables que la querelle saugrenue sur la pertinence d’un cap à droite pour la droite. C’est le vieux socialisme bouffeur de patrons et agitateur de nationalisations, représenté ici par le ministre du Redressement productif, qui a été répudié par le premier ministre, avec l’aval tacite du chef de l’État. Reste à officialiser le décès.Si l’UMP pèche par excès de sottises et de linges sales déballés, la simulation et la dissimulation, chères à Mazarin, inspirent François Hollande. Sa maîtrise du flou rend peu discernable l’inflexion qu’il fait prendre à sa politique économique. Il est vrai que l’aveu brutal de sa conversion au b.a.-ba du libéralisme aurait de quoi désespérer les « socialos ». Hier encore, Hollande assurait ne pas aimer les riches et se donnait comme « véritable adversaire le monde de la finance ». Aujourd’hui, son gouvernement donne satisfaction au grand patron Lakshmi Mittal, que Montebourg menaçait de bouter hors de France, et à la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui fulminait contre la menace de réquisitionner Florange. Si ce n’est pas un tête-à-queue, qu’est-ce ?Voici un gouvernement de gauche contraint de tirer un trait sur ses utopies.(La suite ici)

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