La droite, qui gagne les élections en Europe, s’oblige à être moderne et innovante. Pour répondre aux inquiétudes nées de la mondialisation, elle doit parler emplois, identités, valeurs, en évitant les régressions du protectionnisme, du nationalisme, de la bigoterie. L’opposition espagnole, dont l’autoritarisme à front de taureau a incité dernièrement les électeurs à reconduire les socialistes, a montré ce qu’il ne fallait pas faire.
 La gauche battue et ses médias suiveurs qualifient de « populistes » et « xénophobes » les choix des peuples qui s’expriment depuis 2007 en France, Estonie, Finlande, Pologne, Belgique, Danemark, Grèce, Irlande, Italie, Grande-Bretagne, etc. En réalité, ces mouvements procèdent d’un élémentaire besoin de protection, mis à mal par les idéologies relativistes. Les progressistes français, qui viennent d’ouvrir leur think-tank (Terra Nova), feraient bien de plancher sur ce thème.
L’opinion ne veut pas de cette droite « dure » dont les belles âmes, à bout d’arguments, brandissent l’épouvantail. Outre l’Espagne, la France apporte la démonstration de ce rejet, avec la faillite du FN: ses électeurs qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy en mai 2007, ne sont pas revenus, depuis, vers Jean-Marie Le Pen, malgré leurs possibles déceptions. L’UMP reste le rempart contre la montée de l’extrémisme.
Quand le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, explique lundi que les citoyens attendent de la « fermeté » sur l’immigration mais pas « du racisme ou de la xénophobie », il prend acte de cette demande, intégrée par Silvio Berlusconi quand il tend la main à l’opposition. Le nouveau maire de Londres, Boris Johnson, prend soin pareillement de se démarquer des conservateurs « old school », hostiles par réflexe à l’immigration ou à la liberté des mœurs.
Sur cette ligne de crête, une approche de gauche peut apporter un équilibre, pour autant qu’elle admette la légitimité de ceux qui veulent protéger leur mode de vie. Elle peut aussi influer les libéraux dans leur pratique du capitalisme et du « laisser-fairisme », pour autant qu’elle reconnaisse la faillite de l’État-providence et la nécessité de soutenir les initiatives individuelles. Mais les socialistes doivent se faire une raison: pour n’avoir pas compris le présent, ils n’écriront pas le proche avenir.
 
Limite de l’ouverture Dans cette approche pragmatique, le choix de l’ouverture de Nicolas Sarkozy aurait pu être pertinent, s’il n’avait contribué à rendre les réformes illisibles ou inachevées. Cette méthode a montré ses limites. D’autant que, mis à part Martin Hirsch, les bilans des ministres venus de la gauche (Bernard Kouchner, Jean-Pierre Jouyet, Éric Besson, Fadela Amara, Jean-Marie Bockel) sont plutôt décevants. Économiquement, le gouvernement en est à appliquer les vieilles recettes du travailliste Tony Blair, qui n’auront pas suffi à son successeur pour gagner les dernières élections. Les bons résultats annoncés hier sur la croissance en 2007 (+2,2%) ne devraient-ils pas inciter à tourner définitivement le dos à l’orthodoxie antilibérale qui appauvrit les gens? Elle est tellement enracinée, en France, que personne n’aura trouvé saugrenue la présence d’Olivier Besancenot, qui projette de créer un Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), comme invité vedette de Michel Drucker, dimanche dernier sur France 2.
 
La repentance, jusqu’où? Cette ouverture aux idées de gauche peut d’ailleurs devenir absurde, lorsque le président de la République en vient à contredire les intuitions du candidat. C’est ainsi qu’à son discours de Nîmes du 6 mai 2007 sur la fierté d’être français et à ses propos réitérés contre les repentances et les haines de soi, le chef de l’État en est venu, samedi, à soutenir l’appel de SOS Racisme « pour l’enseignement de l’histoire de la colonisation et de l’esclavage » dans les écoles primaires. Ceci alors même que la loi Taubira de 2001 a déjà introduit cet enseignement dans la majorité des programmes.
Faire reposer la colonisation et l’esclavage sur la seule responsabilité de la France, en taisant les siècles d’implantation musulmane en Espagne ou dans les Balkans et les traites humaines organisées par les Africains ou les Arabes (notamment contre les Blancs), est un procédé proche du lavage de cerveau. Cette maltraitance de l’histoire, destinée à satisfaire les nouvelles communautés, ne peut qu’aviver les ressentiments (lire la polémique sur mon blog). Lundi, Abdelaziz Bouteflika a conditionné son soutien au projet de Sarkozy d’Union pour la Méditerranée à la reconnaissance des crimes commis par la France en Algérie. En finira-t-on jamais?
Les droites européennes ont notamment été élues pour tenter de répondre au multiculturalisme qui menace d’éclatement les États-nations et qui fait glisser le Liban vers la guerre civile. Les solutions doivent tourner le dos à ces politiques communautaristes, défendues par de prétendus « antiracistes » et avalisée au nom de la lutte contre les discriminations. Le professeur Lucien Israël avait déclaré, un jour: « Je ne suis pas d’ascendance gauloise. Mais dans les écoles maternelles et primaires, j’ai pleuré pour Vercingétorix et pour Jeanne d’Arc ». Et si la modernité passait, paradoxalement, par le retour à l’enseignement de « Nos ancêtres les Gaulois »?
 
Médiocre combat Énième grève des enseignants, hier: le médiocre combat corporatiste de leurs syndicats apparaît de plus en plus anachronique face aux urgences que l’école doit résoudre.

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