Derrière la peur des mots, il y a la peur des réalités qu’ils désignent. Le discours politique aseptisé s’est ainsi laissé envahir par une confortable omerta. Elle justifie toutes les démissions et contribue à accentuer les crises laissées sans réponse. « La perversion de la cité commence par la fraude des mots », avait prévenu Platon ; une idée reprise Albert Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Or la droite elle-même, y compris quand elle s’affirme « décomplexée », reste prisonnière de ce conformisme. « Libéralisme, j’aime pas trop le terme », a ainsi avoué, ce lundi matin sur RTL, Jean-François Copé répondant à une question de Jean-Michel Aphatie. Une fois de plus, l’UMP succombe à la pensée conforme qui accorde sa bienveillance à un socialisme à la ramasse tandis que le libéralisme, fruit de l’histoire française, est caricaturé en loup-garou. « Il faut de la protection pour ceux qui souffrent », a expliqué Copé pour justifier sa prise de distance. Mais le libéralisme, qui n’est pas l’ultralibéralisme de la loi de la jungle, est construit sur cet humanisme. Le récuser, comme le fait le patron de l’UMP qui dit vouloir rompre avec le politiquement correct, revient à cautionner ce qui ne fonctionne plus.Il n’y a aucune honte à se réclamer du libéralisme, dans un système qui met de plus en plus la liberté sous surveillance. Il est d’ailleurs paradoxal d’entendre Copé se plaindre des atteintes à la liberté d’entreprendre, de la limitation du statut d’auto-entrepreneur, du développement de l’assistanat ou des 35 heures, tout en reprenant à son compte l’antienne de ces dernières décennies sur le libéralisme, dont Jacques Chirac avait finement estimé qu’il était « aussi désastreux que le communisme ». L’idéologie désastreuse pour la France est l’antilibéralisme pavlovien qui, parti de la gauche, s’est incrusté à droite. Ce système, qui consiste à tenter de vivre aux dépens de l’autre, est un des boulets qui plombe le pays : il infantilise les citoyens, décourage les initiatives, appauvrit la collectivité, déresponsabilise les acteurs, affaiblit la solidarité nationale. Que les hommes politiques le veuillent ou non, le libéralisme est appelé à suppléer, en tout ou partie, les faillites de l’interventionnisme d’Etat. Ne pas oser le nommer revient à ne pas vouloir rompre avec un mécanisme dont tout prouve pourtant qu’il est devenu obsolète. La droite « décomplexée » reste bien prévisible…Je participerai, ce lundi, à un débat sur Public-Sénat, dans le journal de 22 heures Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp sur LCI (10h-11h) puis à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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