Le candidat UMP, Jean-Louis Costes, ne s’en tire pas si mal. Alors qu’un bruit de fond donnait comme probable gagnant le candidat FN, Etienne Bousquet-Cassagne, dimanche à l’issue du second tour de la législative de Villeneuve-sur-Lot, c’est une nette victoire (53,76% contre 46,24%) que remporte le parti d’opposition, présidé par Jean-François Copé. Il est loisible de voir dans ce résultat les fruits de la « droite décomplexée », qui donne des états d’âme à une partie des caciques de l’UMP. Ceux-là en appellent aux valeurs, mais sans les définir. Il est probable que le jeune candidat d’extrême droite, porté par une incontestable dynamique, aurait remporté le duel s’il avait été confronté à une de ces personnalités fadasses qui redoutent d’aborder les problèmes de la vie de gens. Quand le patron des députés UMP, Christian Jacob, explique ce lundi que le FN sera contré en s’attaquant d‘abord au chômage, il reprend l’explication simpliste de la gauche. Elle permet de faire l’impasse sur les sujets sociétaux qui, y compris en Turquie et au Brésil actuellement, mettent les sociétés en ébullition. « Des profs, pas du foot ! », crie la jeunesse brésilienne touchée par le chômage. Dans ce pays donné en exemple du métissage harmonieux, l’insécurité et la violence sont des plaies insupportables.Les résultats de Villeneuve-sur-Lot sont, bien sûr, une claque de plus pour le PS : son appel au « front républicain » a été quasi-inopérant. Non seulement sa diabolisation du FN ne fonctionne plus, mais il est devenu l’épouvantail. Se confirme le ralliement d’électeurs socialistes au parti de Marine Le Pen. Ses discours, protectionnistes en tout, séduisent une partie de la gauche. Ce qui s’observe est l’installation d’un « gaucho-lepénisme », pour reprendre l’expression utilisée récemment par Xavier Bertrand (UMP). Cette identité, qui imprègne de plus en plus le FN, éloigne d’autant les éventuelles perspectives de rapprochement ou de fusion avec la droite conservatrice, libérale, européenne. Ceux qui estiment que les différences s’estompent entre les deux partis n’ont, pour cette raison, que partiellement raison. Aussi l’UMP a-t-elle tout intérêt à s’affirmer comme clairement à droite sur les questions de sécurité, d’immigration ou de communautarisme religieux, tout en laissant Marine Le Pen à son flirt poussé avec un socialisme nationaliste qui n’appartient qu’à la gauche. Telle est la leçon que je suis tenté de tirer, pour ma part, du scrutin de Villeneuve-sur-Lot. Qu’en pensez-vous ?
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