Lambert Wilson, qui ouvrira ce mercredi la cérémonie du 67 e Festival de Cannes, a son opinion, convenue, sur La Marseillaise. « Les paroles sont sanguinaires, sont racistes, sont xénophobes », a-t-il expliqué, mardi sur RTL, en suggérant de les changer. Sanguinaires, elles le sont à coup sûr, à l’image de ce que fut la Révolution qui, au nom de la concorde, a commis beaucoup de crimes. « Oui, nous faisons couler beaucoup de sang impur, mais c’est au nom de l’humanité », expliqua Fouché en 1793 pour légitimer les massacres de Lyon, tandis que Barère soutiendra que « l’humanité consiste à exterminer ses ennemis ». Mais la même critique sur la valorisation de la brutalité pourrait être faite au Chant des Partisans, écrit en 1943, qui appelle à « tuer vite », fait l’éloge du « prix du sang et des larmes » et promet : « Demain, du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes ». Faudrait-il également corriger le texte de Kessel et Druon pour le mettre en conformité avec une époque qui a perdu le goût de se battre et à rendu les armes ? Ce serait évidemment aussi stupide que de vouloir rhabiller les statues ou maquiller les tableaux à la nudité jugée désormais provocante par certains. En revanche, quand l’acteur parle de paroles racistes et xénophobes, il dévoile le malaise qu’éprouve le bien-pensisme devant la nation et ce qu’elle représente. En réalité, c’est la notion même de chant patriotique qui est vu comme une incongruité par beaucoup de ceux qui ne jurent plus que par l’effacement des peuples et des frontières, au nom de la démocratie cosmopolite.Dans le b a ba du politiquement correct, l’étranger est devenu un mot « nauséabond ». Il signifie en effet que l’individu en question est discriminé par rapport au citoyen, car exclu d’une communauté de destin à laquelle il n’appartient pas automatiquement. Distinguer, banalement, entre nationaux et étrangers est suffisant pour être épinglé, par les pandores du conformisme, comme raciste et xénophobe. En l’occurrence, ce n’est pas le contenu de La Marseillaise qui tombe sous ce couperet infâmant, mais le symbole national, patriotique, qu’elle représente. Derrière les réticences stylistiques de Wilson se laisse deviner une pensée paresseuse, perméable à la diabolisation de la nation en tant que telle. Christiane Taubira, en tentant de se justifier de n’avoir pas chanté l’hymne, le 10 mai, lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, a d’ailleurs montré ce même embarras. Quand elle compare à un « karaoké d’estrade » les reprises collectives d’ « Allez enfants … ! », elle dit déjà beaucoup du mépris qu’elle éprouve pour ces affirmations identitaires. Quand elle dénonce « le rapt » du chant par ses adversaires, qu’elle assimile à des « miliciens », elle réduit leur sentiment national à des pratiques fascistes ou nazies qui, à la Libération, avaient justifié les épurations et les exécutions sommaires. Son appel à la haine est a eu près aussi sot que le tweet envoyé par la compagne du joueur de football, Samir Nasri, éliminé de l’équipe nationale pour le Mondial : « Fuck France ! ».Je participerai, ce mercredi, au Grand débat d’Europe 1 Soir, de 19h15 à 20h
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