Le nouveau monde, le voici : il réclame le retour aux nations, aux frontières, aux souverainetés. Il se réveille partout en Europe et fait paniquer les mondialistes. Ils tremblent comme devant un revenant. Il est vrai que ces esprits forts s’étaient persuadés de leur modernité en défendant l’utopie supranationale et fédéraliste, ces préalables au gouvernement global. Les « progressistes » croyaient incarner l’idéal commun, construit sur le grand mélangisme de l’homme remplaçable. C’est dans ce camp qu’Emmanuel Macron s’est rangé. Sa défense de la « souveraineté européenne », qui exige des nations qu’elles fassent profil bas, puise dans les fondamentaux de la construction européenne qu’il aimerait relancer. En septembre 2017, dans son discours de la Sorbonne, le président s’en était pris rudement aux « passions tristes » des « souverainistes de repli ». Depuis, le ton a baissé. Macron plaide désormais pour une Europe où « les peuples auront vraiment repris le contrôle de leur destin ». Mais ces mots sucrés sont des masques.
«  Les nationalistes se trompent quand ils prétendent défendre notre identité dans le retrait de l’Europe », assure le chef de l’État dans son plaidoyer « pour une renaissance européenne » : une tribune traduite en 24 langues et publiée mardi dans tous les pays de l’Union européenne (UE). Or ces «  nationalistes » n’ont jamais dit refuser l’Europe. Ils rejettent un édifice construit sans les peuples. C’est Jean Monnet, un des « pères fondateurs », qui élabore dès 1943 l’idée postnationale. Elle imprègne l’idéal européen que Macron veut incarner. Pour Monnet, les vieilles nations étaient avant tout « les dispensateurs des germes de division et de guerre » : un refrain repris par le chef de l’État. Or, si des guerres se profilent en Europe, elles viendront des sociétés multiculturelles que les eurocrates ont laissées s’installer, au nom des droits de l’homme et de la non-discrimination. L’Europe que défend Macron reste cette entité complaisante pour l’adversaire. Sa promesse de « remettre à plat l’espace Schengen » ne peut suffire à rassurer.
En fait, les vraies « forces du monde ancien », que Macron dénigrait, n’ont pas trouvé meilleur représentant que le chef de l’État. (La suite ici)
Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros (9h-10h30), puis à Ca se dispute (17h-18h45), sur CNews

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex