L’Union européenne (UE) est un château de cartes : que l’une tombe, l’édifice s’effondre. La Grèce a évalué cette vulnérabilité. Aussi s’autorise-t-elle toutes les désinvoltures dans son surendettement (320 milliards d’euros). Il est vrai que le France n’est pas la mieux placée pour lui faire la leçon : le pouvoir est incapable de faire baisser les dépenses publiques (la Cour des comptes l’a rappelé mercredi) et de réformer l’État ventripotent. Plus de 30 000 euros d’emprunts pèsent sur chaque Français, bébés compris. Du coup, le gouvernement d’Alexis Tsipras a beau jeu de présenter son pays en victime d’institutions européennes sans affect, qualifiées de « cruelles » par Jean-Luc Mélenchon. Le recyclage de la dialectique marxiste, qui oppose désormais le dominant au dominé, rend intouchable la Grèce plaintive. Mais observer l’UE prête à céder à l’irréalisme ne peut que l’affaiblir davantage. L’imbuvable UE, éloignée des nations et des peuples, mérite certes d’être reconstruite à l’endroit ; c’est-à-dire à partir des souverainetés, des citoyens, des cultures. La fronde contre l’aristocratie bruxelloise, méprisante pour la piétaille, pousse les partis populistes qui veulent sa perte. Le Parti populaire danois vient de sortir en tête des législatives (21 %) après avoir fait campagne contre l’immigration et l’Union. Le référendum promis par David Cameron en 2017 sur le maintien de la Grande-Bretagne dans ce club snobinard promet d’autres sueurs froides aux technocrates, fossoyeurs de l’âme européenne. De ce point de vue, les griefs des Grecs sont largement partagés. Mais Tsipras se garde de claquer la porte, ne serait-ce qu’en quittant la zone euro. S’il devait persister à refuser d’appliquer ses règles libérales, mieux vaudrait alors le pousser dehors. La marâtre bruxelloise a une qualité qui la rend défendable dans son principe : elle sait que deux et deux font quatre, et elle entend l’apprendre à ses rejetons. (La suite ici)

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