Jusqu’où Emmanuel Macron osera-t-il aller pour « se réinventer » ? Le 13 avril, prenant la mesure des bouleversements imposés par la crise sanitaire, le chef de l’État déclarait : « Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies et sachons se réinventer, moi le premier. » Cependant, c’est le souverainisme, que le président « progressiste » se plaisait hier à mépriser, qui partout revient en force. Ce retour aux frontières, aux nations, aux enracinements est porté en réaction aux excès de la mondialisation et en réponse aux besoins de protections, exacerbés par la pandémie de Covid-19. Or ce basculement est celui que les populistes, bêtes noires de Macron, avaient promu. Son « monde de demain » restait celui d’hier. L’avenir qui se dessine tourne le dos aux ambitions présidentielles visant à « transformer profondément le pays ». L’erreur d’analyse de Macron, souvent dénoncée ici, l’oblige au revirement conservateur. Un tête-à-queue est-il envisageable ? Il ne faut pas sous-estimer l’ardeur des nouveaux convertis. Le chef de l’État est de ceux-là quand il joue l’homme autoritaire croisant le fer, hors de France, avec le calife turc Erdogan, le Hezbollah iranisé du Liban ou le satrape soviétisé de Biélorussie. Se devine chez lui, à ces moments de tensions, le goût retrouvé des effets de sabre, des impertinences juvéniles, des attentions paternalistes. La mobilisation sans pareille de l’État et de son argent magique pour prendre en charge les millions de naufragés du Covid, vient aussi répondre, opportunément, à l’assistance d’un peuple en détresse. La « start-up nation » est déjà loin, dans cet univers étatisé. Quand Jean Castex assure, l’autre jeudi parlant du virus: « Mon seul objectif, c’est de vous protéger », le premier ministre complète la panoplie d’un État recentré sur son peuple. Objectif confirmé par Bruno Le Maire présentant, lundi, sa loi de finances : « Nous n’abandonnerons jamais personne. » Reste à savoir si Macron, oublieux de ses convictions mondialistes, est prêt à s’aventurer plus avant sur des terres populistes décriées, en promouvant un souverainisme dans toutes ses conséquences. Rien n’est moins sûr. (La sute ici) Je participerai, ce vendredi, à L’heure des pros, sur CNews (9h-10h30) Je présenterai mes derniers livres (Les Traîtres, Le réveil des somnambules) lors d’une conférence, ce vendredi, au Palais des Congrès de La Baule (à partir de 18h)

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