Ceux qui ont coutume de se faire injurier par les « humanistes » ne
peuvent que comprendre Gérard Depardieu. 
Et cela fait du monde. Son bras d’honneur au gouvernement et à ses
médias est une bouffée d’oxygène. Son salutaire acte de révolte entre en
résonance avec l’indignation que suscite une gauche de plus en plus sectaire
et manichéenne. Depardieu a raison de refuser d’être traité de « minable » par Jean-Marc Ayrault, au prétexte d’avoir choisi de s’installer en Belgique.
Je le comprends quand il explique, dans sa lettre ouverte au premier ministre,
publiée dimanche dans le JDD, vouloir rendre son passeport : « Je n’ai malheureusement plus rien à faire ici (…) Je pars parce
que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la
différence, doivent être sanctionnés ». Quand Michel Sapin, ministre du
travail, évoque une « déchéance personnelle » en guise de commentaire, il
dit la morgue glaçante qui habite les donneurs de leçons d’altérité. Excédés
par la liberté des autres, ils ont l’insulte en bouche. Dimanche, c’est
Dominique Bertinotti, ministre déléguée de la famille, qui a qualifié d’homophobes
ceux qui s’opposent au mariage homosexuel. Et je passe ici sur la haine qui
habite la presse de gauche quand elle qualifie d’extrémistes ou de « néo-fachos » les quelques-uns qui osent ne pas penser comme elle.
Depardieu n’est pas l’abruti aviné ni l’affairiste véreux contre
qui la meute aboie. Ses intuitions et ses sensibilités à fleur de peau sont celles
d’un artiste qui honore la culture. Je me souviens notamment de lui lisant
Saint-Augustin à Notre-Dame-de Paris, son fils Guillaume dans l’assistance. Ce
qu’il dénonce, en voulant quitter son pays, est une oppression française. Elle
s’aggrave et devient insupportable. Cette oppression est intellectuelle, avec
son conformisme pesant ; elle est morale, avec son relativisme institutionnalisé ; elle est fiscale, avec ses impôts confiscatoires. Elle
ne fait pas seulement fuir les fortunes établies, mais aussi les talents et bien
des esprits réfractaires. En fait, Depardieu dit une vérité. Néanmoins, en
voulant s’exiler et rendre sa nationalité, il abandonne un
combat. Ceux qui rejoignirent Coblence ne firent pas l’histoire. Aussi, si je comprends sa décision, je la
trouve prématurée. Rien n’est encore perdu. Pour ma part, je persiste à
penser que la résistance, plus que jamais nécessaire, doit être menée de l’intérieur. Les injures des moralistes et
de tous ceux qui au nom de l’ »apaisement » sont en train de monter les
Français les uns contre les autres, marquent leur désarroi. Leur défaite est en
eux.
Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp, sur LCI
(10h10-11h)

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