Dernière prophétie de François Hollande : « Le retournement économique arrive » (Journal du Dimanche). « Je le sens », a confirmé, ce lundi, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. « La croissance a repris », avait préalablement annoncé Michel Sapin, vendredi, en s’appuyant sur les prévisions, publiées aujourd’hui, de la Commission européenne. De fait, à trois semaines d’élections européennes qui s’annoncent brutales pour les apparatchiks de Bruxelles et leur bilan, la Commission en sursis vient elle-même de s’attribuer un satisfecit en anticipant une croissance pour la zone euro de 1,2% du PIB pour 2014, et de 1,7% pour 2015. Dans sa magnanimité électoraliste, elle voit également la France nettement réduire son déficit en 2015, grâce au plan de rigueur de Manuel Valls. Certes, la même Commission convient que les 3% promis pour 2015 ne seront pas atteints, mais elle table tout de même sur 3,4% (elle avait d’abord annoncé 3,9%) et une croissance de 1,5%. Bref, le gouvernement français et la Commission européenne sont d’accord pour confirmer que l’horizon s’éclaircit, va s’éclaircir, devrait s’éclaircir… Mais peut-on encore faire confiance en un président dont « la manipulation est une seconde nature » (Jean-Luc Mélenchon, ce lundi sur RTL). Et peut-on croire sans réserve une Commission qui a tout intérêt à embellir in extrémis son propre bilan, pour tenter d’éviter la vague protestataire qui s’annonce le 25 mai ? Hollande a trop menti. C’est pourquoi il rend suspect son témoin de moralité qu’est la Commission européenne. Elu le 6 mai 2012 – il y aura deux ans, mardi -, le candidat à la présidentielle avait fait campagne contre « la présidence de la parole » de son prédécesseur. Depuis, il ne cesse de gouverner lui-même par le Verbe, avec un aplomb débonnaire n’ayant rien à envier aux sincérités successives de Nicolas Sarkozy. « La politique, ce n’est pas de la magie », a assuré Hollande lors de ses voeux du 14 juillet 2013. Les électeurs attendent toujours les résultats de ses annonces et de ses engagements. « La crise de l’euro est derrière nous », a-t-il annoncé en décembre 2012 . « La reprise, elle est là ! », a-t-il poursuivi l’année suivante, avant de promettre un déficit de 3% et une baisse du chômage pour 2013. Rarement un pouvoir s’est autant enfermé dans le déni et la fuite en avant, tout en assurant vouloir « retrouver le lien perdu » avec les citoyens. En réalité, la France surendettée est d’autant plus fragile qu’elle entend « sacraliser » (Claude Bartolone, Le Figaro de ce lundi) un modèle social qui l’appauvrit. L’économie est à la merci de la moindre panique boursière. La crise ukrainienne rajoute d’ailleurs de l’incertitude sur les capacités de protection de l’Europe. Dans ce contexte tendu et irrationnel, on peut comprendre que Hollande ni la Commission ne veuillent rien laisser paraître de leurs probables inquiétudes. Mais sur-jouer l’optimisme, comme le fait délibérément le chef de l’Etat, n’est pas une réponse politique crédible. Elle ne peut dispenser de passer aux actes.Je participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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