« Tous les ingrédients d’un nouveau 21 avril se mettent
en place », explique le politologue Dominique Reynié, ce mercredi dans Le
Figaro. Pour lui, la question du Front National est bien moins un sujet pour la
droite que pour la gauche, les dernières législatives partielles ayant montré que
le scénario le plus fréquent avait été celui d’un PS éliminé au premier tour.  En fonction de cette observation, Reynié qualifie
de « maladresse » l’attitude de François Fillon évoquant l’hypothèse d’un
duel PS-FN au second tour des municipales. Il est évident que beaucoup d’éléments viennent conforter
l’analyse, à commencer par l’incapacité du gouvernement à désendetter l’Etat-providence
et à se résoudre à une pause fiscale, que Jean-Marc Ayrault vient de
repousser à 2015 alors que François Hollande l’avait promise pour 2014, il y a
trois semaines. « Notre politique ne satisfait pas les couches populaires », reconnaît  Laurent Baumel (PS), animateur de la
Gauche populaire. Une incontestable déception existe chez ceux qui ont cru
faire confiance au PS. Mais un même découragement gagne les électeurs de l’UMP.
Au point qu’il me paraît imprudent d’évacuer trop rapidement un « 21 avril à l’envers »
(PS contre FN) pour la prochaine présidentielle.
  La manière dont l’UMP a vite contenu la très timide
échappée de Fillon en direction du FN illustre 
la difficulté de ce parti à se remettre en question et à sortir de son
prêt-à-penser, dont la rigidité n’a d’égale que celle du PS sclérosé. C’est le
poids de l’appareil et de ses apparatchiks qui a eu raison d’un début de
réflexion vaguement iconoclaste. Entendre le bureau de l’UMP assurer, à l’issue
de sa réunion, vouloir « combattre tous les extrémismes et les sectarismes » peut d’ailleurs prêter à sourire vu sa propre intolérance en direction d’un
parti qui a beau jeu de souligner les procédés d’exclusion de ses adversaires, prétendument exemplaires. L’ancien
premier ministre, qui s’est mollement défendu dans un message subliminal
prétendant « faire bouger les lignes », a probablement laissé passer l’opportunité qu’il
s’était donnée d’apparaître en homme politique rassembleur et pragmatique. Dans
l’immédiat, l’UMP s’est enfermée dans son bunker, au risque de s’asphyxier. Alors
qu’un boulevard s’offre à une droite intelligente et courageuse, Hollande peut
encore espérer être réélu en 2017.
Je participerai, ce mercredi, à On refait le monde, sur RTL
(19h15-20h)

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