Alexis Tsipras, premier ministre, a raison de vouloir être au plus près des Grecs désespérés, qui l’ont choisi il y a cinq mois. Mais il a tort de s’enfermer dans l’antilibéralisme qui l’éloigne des réalités économiques et pousse son pays vers l’abîme. Le retour au peuple implique le retour au réel. Or ce n’est pas cette voie qu’entend apparemment suivre le leader de Syriza, qui a entrepris un pénible bras de fer avec ses partenaires de la zone euro. Rien de durable ne sortira du sommet extraordinaire de ce lundi soir, à Bruxelles, si Tsipras persiste à ne pas vouloir engager les réformes élémentaires nécessaires au maintien de son pays dans la cour des grands. Une augmentation de la TVA et une réforme des retraites font partie des gestes qui pourraient éventuellement rassurer les créanciers. Or le poids de l’idéologie est tel, dans la démarche du gouvernement grec, que tout assouplissement pragmatique semble inatteignable. Cette rigidité doctrinale pourrait se défendre si la Grèce entendait quitter l’Europe pour rejoindre le giron russo-eurasien. Mais le même peuple qui a élu Syriza ne semble pas décidé à s’éloigner pour autant de Bruxelles. C’est pourquoi la position de Tsipras, qui fait courir à son pays le risque d’une faillite et d’un scénario argentin, devient incompréhensible. D’autant que le Portugal et l’Espagne, qui ont accepté de se plier aux rigueurs de la gestion économique, sont en passe de récolter les fruits de leurs efforts. Jean-François Revel définissait l’idéologie comme « ce qui pense à votre place ». C’est de cette prison mentale que les dirigeants grecs doivent s’extraire, en cessant de mentir aux citoyens désemparés. Malgré lui, Tsipras est en train de démontrer, par son refus d’admettre que deux et deux font quatre, l’urgence qu’il y a à s’éloigner des doctrines figées et des pensées toutes faites. Les multiples désastres que connaît la France sont les conséquences de quarante années d’idéologies « progressistes », indifférentes aux réalités et à la vie des gens. Partout en Europe, les utopies et autres rêves éveillés laissent la place à des approches rationnelles et efficaces. Il n’y a guère plus que Christiane Taubira, égérie de la gauche angélique, qui vit encore sur son petit nuage quand elle déclare : « L’idéal c’est que les gens puissent travailler 32 heures dans une semaine, pour avoir du temps pour se consacrer aux autres dans les associations, pour avoir le temps d’aller au musée, sur la plage, de déambuler, de marcher, de parler à ses voisins, d’aller en librairie, au cinéma, au théâtre, etc. Voilà la société dont on peut rêver ». Un telle déconnexion avec le monde se retrouve également dans sa réforme de la Justice des mineurs, que le gouvernement tarde à défendre. Cependant, cette vision infantile du monde est un luxe que les sociétés ne peuvent plus se permettre. Les Grecs ont raison de trouver l’Union européenne technocratique, arrogante, coupée des citoyens. Mais au moins a-t-elle comme qualité de savoir compter et tenir des budgets. Tsipras serait plus convainquant s’il poussait le fer contre cette Union soviétoïde qui refuse de se réformer. En s’entêtant à vouloir défendre son propre monde artificiel, c’est son crédit qu’il va perdre. Je participerai, mardi, à On refait le monde sur RTL (19h15-20h)

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