L’Europe post-chrétienne n’en peut plus des discours « humanistes » n’ayant pour objectif que de la culpabiliser davantage et lui donner, toujours plus, mauvaise conscience. Le malaise existentiel, qui est commun aux peuples du vieux continent, a sa source dans ces auto-flagellations unilatérales, comprises comme des marques de faiblesse et de renoncement par les civilisations qui s’invitent. C’est pourquoi il est paradoxal d’entendre le pape François déplorer, à juste titre, « la fatigue et le vieillissement d’une Europe grand-mère », et défendre en même temps « le besoin d’accueil et d’aide » des clandestins qui débarquent sur ses côtes. « On ne peut tolérer que la mer Méditerranée devienne un grand cimetière », a déclaré le Saint Père, mardi, devant le parlement européen. Ce même procédé moralisateur sert de socle à tous ceux qui enjoignent aux Etats occidentaux d’accueillir toujours plus de déshérités. La dépression française tient pour beaucoup à la crise identitaire née d’un très catholique oubli de soi et d’une fascination pour les cultures remplaçantes. Or les propos du pape sur les migrants apparaissent d’autant plus convenus et légers qu’il fait parallèlement une juste analyse des faiblesses de l’Europe. Il explique : « L’Europe sera en mesure de faire face aux problèmes liés à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle (…) ». François est le premier à admettre qu’elle en est encore loin. Sa réflexion est donc contradictoire.Périclès expliquait ainsi l’ouverture d’Athènes aux étrangers (1) : « Notre confiance se fonde peu sur des préparatifs et des stratagèmes, mais plutôt sur la vaillance que nous puisons en nous-mêmes au moment d’agir ». Hier à Strasbourg, François n’a eu de cesse de déplorer « la perte des grands idéaux », au profit de « la technique bureaucratique » des institutions européennes. Il a dénoncé avec raison « la prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique ». C’est encore lui qui a invité les parlementaires à « prendre soin de la fragilité des peuples et des personnes ». « Je vous exhorte à travailler pour que l’Europe redécouvre son âme bonne ». « L’Europe est une famille des peuples » qui doit avoir « la conscience de sa propre identité (…) qui est indispensable dans les rapports avec les autres pays voisins, particulièrement ceux qui bordent la Méditerranée ». (2). Bref, le pape François déplore très clairement la crise identitaire et religieuse de l’Europe : une crise non résolue dont il admet qu’elle la rend vulnérable aux conséquences migratoires de la mondialisation. Dès lors, il est permis de trouver contestable et mal argumentée son ode aux clandestins, qui enchante les fossoyeurs de l’Europe.(1) Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse (p.265), Robert Laffont(2) Intégralité du discours publié dans La Croix de ce mercredi
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