La France insoumise ? Elle défilait dimanche dans les rues de Paris, tandis que Jean-Luc Mélenchon prétendait l’incarner lors d’un meeting, près de Lille. Si sa première convention des « Insoumis » a réuni un millier de personnes (selon L’Humanité de ce lundi), la mobilisation de La Manif pour Tous a été suivie par 200.000 personnes selon les organisateurs, 24.000 selon la Préfecture de police. Ces chiffres sont loin des scores atteints lors des grandes manifestations de 2013. Les organisateurs avaient néanmoins anticipé ce redémarrage, en raccourcissant les parcours et en choisissant un espace de rassemblement final, le Trocadéro, moins imposant que l’Esplanade des Invalides. Il n’empêche : la France silencieuse et bien élevée a démontré, une nouvelle fois, qu’elle entendait peser dans le débat public et les primaires de la droite. Nuit Debout, louangée par la gauche et ses médias, avait laissé voir, dès le début, la platitude de ses réflexions et son absence d’emprise sur l’opinion. A contrario, il suffisait de se fondre dans les rangs des manifestants, hier, pour mesurer le dynamisme qu’un tel mouvement spontané est encore capable de porter sur l’exaspération du : « ça suffit ! ». Reste à La Manif pour Tous à fédérer cette colère. Un combat de civilisation est à mener.
Les protestations contre le mariage gay, la PMA sans père ou la GPA ne peuvent être les seuls sujets et les seuls mots d’ordre, à moins d’assigner La Manif pour Tous à l’obligation de tourner en rond et à voir ses soutiens les plus bienveillants se lasser. Le désastre éducatif est un thème qui mériterait d’être exploré davantage, au-delà des apprentissages de la théorie du genre. La déconstruction de la nation, qui s’ajoute à celles de l’école et de la famille, offre une autre perspective susceptible d’ouvrir les rangs à des protestataires venus d’horizons différents et tout aussi soucieux de défendre des valeurs mises en danger. D’autant que l’Eglise elle-même, qui tient une place importante dans le mouvement LMPT, n’est guère convaincante sur la défense de la nation, du moins à lire le texte récent publié par le conseil permanent de la Conférence des Evêques de France. Dans ce document, qui reprend tous les clichés du sociologisme adepte du multiculturalisme, on peut y lire notamment une prise de distance avec la « nation homogène » et une invitation des évêques à « redéfinir ce que c’est d’être citoyen français » et à « promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens ». Cette fois, Mélenchon ne pourrait que souscrire à ce genre de prose…
Je participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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