Si, Christiane Taubira a menti. En dépit de ses dénégations,
ce mercredi à midi, les faits sont là : lundi, sur TF1, la ministre de la
Justice disait n’avoir pas eu d’information sur la mise sur écoutes judiciaires
de Nicolas Sarkozy et de son conseil, avant les révélations du Monde, le 7
mars. Ce matin sur Europe 1, François Falletti, procureur général de Paris, a
confirmé, au contraire, qu’il avait bien communiqué le 26 février, à la
Chancellerie, un rapport d’information avec « des éléments » et « de la substance ». Mardi soir, sur France
2, Jean-Marc Ayrault avait déjà reconnu implicitement la faute de la garde des
Sceaux en confirmant avoir été lui aussi mis au courant ce 26 février. Seul
Manuel Valls a persisté, sur RTL, prétendre qu’il ne savait rien de rien jusqu’à
la lecture de la presse du 7 mars. Drapé de
lin blanc, le gouvernement jure en tout cas n’être pour rien dans l’ouverture
des écoutes en avril 2013, renouvelées tous les quatre mois, ni d’avoir eu
connaissance de leur contenu jusqu’à cette date du 26 février, à l’occasion d’une nouvelle information judiciaire décidée, sans enquête
préalable, par le nouveau parquet financier tout juste installé, le 1 er
février, par Taubira. Le problème est que le mensonge de la ministre cache forcément
une gêne. Ce comportement vient jeter une suspicion générale sur les grandiloquences de la
gauche vertueuse dans cette traque judiciaire contre Sarkozy, selon des
méthodes réservées au grand banditisme. Ce ne serait pas la première fois que l’intrusif
Etat socialiste s’arrange avec les grands principes. Sa crédibilité est définitivement
entachée.
Certes, il faut croire le gouvernement quand il assure n’avoir
pas demandé ces écoutes. L’initiative en revient à deux juges d’instruction.
Cependant, il est permis de mettre en doute leur partialité en regard de la
disproportion des moyens employés. Jusqu’à ce jour, la rumeur d’un financement
libyen de la campagne de 2007, prétexte à ces atteintes à la vie privée de
Sarkozy et au secret professionnel de son avocat, Me Thierry Herzog, n’a jamais
été étayée. Cet excès de pouvoir risque de reposer d’ailleurs la question de la
suppression de ces juges quand ils abusent de leur indépendance pour se muer en
justiciers. En revanche, il est plus difficile de croire que l’Etat n’a jamais été
tenu au courant du contenu des écoutes jusqu’à ce 26 février. Le parquet, qui  est lié hiérarchiquement à la Chancellerie, peut
avoir accès à tout moment à la procédure d’instruction par réquisition de soit
communiqué ou par de simples voies officieuses. Quand à la police, elle a en
charge la transcription des écoutes, transmises ensuite à la hiérarchie. A
moins que les juges ne dissimulent volontairement leur travail et que les
policiers gardent sous le coude leurs retranscriptions, rien ne s’oppose à ce
que les contenus soient connus au fur et à mesure et transmis à qui de droit. Quand
François Hollande assure en privé, parlant de Sarkozy : « Ne vous
inquiétez pas, je le surveille. Je sais exactement ce qu’il fait », ces
propos sont plausibles. Le mensonge de Taubira rend les autres démentis suspects.

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