Il y a beaucoup d’hypocrisie dans les indignations contre Volkswagen, qui a admis avoir triché sur la qualité environnementale de ses moteurs diesel afin de répondre aux normes américaines. Le mensonge serait-il donc, plus généralement, si exceptionnel ? Certes, la fraude du groupe allemand, réputé exemplaire dans ses exigences écologiques, est une faute impardonnable. Elle  coûtera cher à la firme automobile, coupable d’un abus de confiance caractérisé par une malversation de margoulin. L’irresponsabilité qui a motivé, en haut lieu, un tel choix moralement si risqué, jette le doute sur l’éthique de la direction du groupe. Le logiciel introduit sous le capot de onze millions d’automobiles, afin de réduire les taux de pollution lors des contrôles, est du même ordre qu’un dopage sportif à grande échelle. Dans la course à la première place sur le marché américain, la firme a cru que tous les coups étaient autorisés. Ce qui est d’ailleurs bien possible, et l’enquête le dira ultérieurement. Dans l’immédiat, il faut une fois de plus rendre hommage à la réactivité américaine qui, après la découverte du bidouillage en série par une ONG, a immédiatement enclenché l’accusation publique. La fédération internationale de football (Fifa), gangrenée jusqu’à l’os,  a récemment fait les frais d’une semblable mise en accusation américaine, qui n’avait jamais trouvé de supports en Europe, en dépit des rumeurs et des soupçons de corruption. Reste que l’émoi compréhensible sur une telle tromperie  fait peu de cas des mensonges officiels qui, en France, sont cautionnés depuis des décennies par le pouvoir et ses médias suiveurs. Or ces dissimulations sont plus insupportables encore que celles de VW, dans la mesure où elles sont destinées à obscurcir le jugement sur les grandes mutations de la société. Le refus persistant des autorités de communiquer les chiffres exacts de l’immigration, pour ne proposer que des à-peu-près, est l’exemple le plus parlant. Les jongleries de Michel Sapin avec les chiffres et les prévisions économiques relèvent du même jeu de bonneteau. Le procès fait ces jours-ci, par des procureurs à cartes de presse, à des intellectuels de gauche de « faire le jeu » du Front national au prétexte qu’ils décrivent ce qu’ils voient est une autre manière de cautionner une désinformation et une propagande sur le « vivre ensemble ». Dans Le Monde daté de ce mercredi, Alain Finkielkraut s’insurge contre ceux qui ordonnent de « jeter un voile sur la désintégration française pour ne pas faire le jeu de l’extrême droite ». « A bas la vérité, vive la Pravda »,  conclut-il son court billet. Le combat pour la vérité s’impose pour VW, comme pour la France elle-même. Je participerai, jeudi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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