Les politiques sortiraient-ils de leur torpeur et de leur prêt-à-penser ? Si les habitués de ce blog n’apprendront rien du rapport de Gérard Larcher (UMP), remis ce mercredi à François Hollande, l’effort de lucidité que laisse voir le président du Sénat n’en reste pas moins encourageant. Alors que l’UMP s’enchante de son nouveau nom couleur muraille, « Les Républicains », c’est autour de la « Nation française » que Larcher a construit plus judicieusement ses réflexions, commandées par le chef de l’Etat après les attentats de janvier. Je ne reviens pas sur mes critiques à propos de cette nouvelle dénomination passe-partout que s’est choisie l’opposition, sinon pour déplorer une fois de plus le renoncement de la droite à concurrencer clairement le nouveau FN sur le terrain civilisationnel et identitaire, central de mon point de vue. « Les Patriotes » est un nom qui aurait été plus judicieux (1), tant est profond le besoin d’enracinement des Français les plus vulnérables à la mondialisation. Il est vrai qu’observer Nicolas Sarkozy joindre ses encouragements à ceux des socialistes unanimes pour saluer la candidature d’Hillary Clinton aux présidentielles américaines de 2016 (« Good Luck ! » a-t-il tweeté dimanche, dans les mêmes termes que Manuel Valls) rappelle son faible pour la gauche bobo. Elle aussi ne cesse de se réclamer des « valeurs républicaines », dont l’ « antiracisme », le « vivre ensemble » ou  le « respect de l’autre » sont autant de plaisanteries tragiques. Dois-je rappeler ce que disait Saint-Just devant la Convention en 1794 ? : « Ce qui constitue une République, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé ». Mais passons… En insistant sur la protection de la nation, qu’il désigne comme « un héritage en partage », le président du Sénat va, lui, au plus près des inquiétudes du peuple, telles qu’elles se lisent dans les sondages, les témoignages, les scrutins. S’inspirant, semble-t-il, des observations du géographe Christophe Guilluy, qui a décrit la relégation des « petits Blancs » dans la France rurale et périphérique, Larcher propose de faire « de la réhabilitation de cette France d’à côté un axe prioritaire d’action de l’Etat », « en ne faisant plus du financement de la politique de la ville et des quartiers (comprendre : des banlieues d’immigration, ndlr) l’exclusive priorité ». S’il estime l’islam « compatible avec la République », il invite cette dernière à faire avec lui « ce qu’elle a fait il y a 110 ans avec le catholicisme ». Il écrit : « J’affirme des principes : la supériorité des lois de la République qui ne peuvent faire l’objet ni d’accommodement ni de transaction, l’égalité hommes-femmes, l’indépendance de la recherche scientifique, le droit à l’apostasie ». Autre réflexion de bon sens, à destination d’une Ecole qui ne sait plus transmettre : « A force de chanter les différences, on a oublié de chanter ce qui nous unit (…) On a besoin que l’autorité se réaffirme ». Au total, rien de bouleversant, bien sûr. Mais la critique, en creux, de la préférence étrangère, l’affirmation de la laïcité face à l’islam, la défense de l’autorité du maître, sont autant de mots qui se libèrent. C’est peu de chose, mais pour un monde politique sclérosé depuis quarante ans, cela ressemble à de l’audace. (1) Bloc-notes du 20 mars 2015 Je participerai, jeudi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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