Le triomphe de François Fillon (66,6% des voix de la primaire de la droite, contre 33,4% à Alain Juppé) n’est pas une bonne nouvelle pour Marine Le Pen. David Rachline, sénateur-maire FN de Fréjus, assure du contraire, ce lundi. A l’entendre, la victoire éclatante de Fillon, hier, « ne pose strictement aucun problème » au FN. Rien n’est moins sûr. Si la désignation d’un Juppé mollasson, pleurnichard et capitulard aurait pu inciter des électeurs à quitter Les Républicains pour la droite populiste, le plébiscite pour un Fillon souverainiste, libéral et anti-islamiste pourrait suffire à attirer à lui une partie de la ‘droite hors les murs », en recherche d’un représentant capable de se libérer des discours automatiques. Fillon a encore à faire ses preuves, bien entendu. Reste que sa désignation comme candidat à la présidence de la République vient mettre fin au long règne (près de trente ans) de la droite honteuse, centriste et conformiste, que Juppé entendait perpétuer avec l’appui de la majorité des médias. Ses soutiens venus de la gauche, de fonctionnaires, de féministes, de militants homosexuels, de mosquées et de prédicateurs musulmans, ont mis au jour les ambiguïtés chiraquiennes de cet homme au « modernisme » déjà dépassé. La défaite sans appel de Juppé est révélatrice de la volonté d’un électorat réactif de tourner une page et de s’assumer clairement dans son choix de rupture conservatrice.
La recherche d’une unité retrouvée des Républicains, qui alimentait hier soir les commentaires des médias audiovisuels, n’est certainement pas souhaitable. La claque que viennent de prendre les centristes nigauds et les zozos de l’ »identité heureuse » les invite à aller voir ailleurs ; du côté d’Emmanuel Macron, par exemple, qui fait des appels du pied à François Bayrou. En se mobilisant massivement pour Fillon, les électeurs l’invitent à s’émanciper une fois pour toute de cette fausse droite culpabilisante, moralisatrice et tire en bas, prête à se coucher devant l’islam politique et ses exigences de soumission. A partir de ce jour, Fillon ne peut se permettre aucune faiblesse s’il veut attirer à lui une partie de l’électorat sans parti fixe, qui se désespère de trouver un point d’ancrage à droite. Sur le papier, ses solutions libérales et identitaires sont de bonnes réponses qui demandent à être précisées. Il est faux de croire la France des oubliés attachée à un Etat Providence qui s’est fourvoyé dans sa préférence immigrée. Mais il serait faux également de croire irréaliste, par exemple, une limitation drastique de l’immigration de peuplement, au prétexte d’éviter des solutions « populistes ». La colère du peuple peut être canalisée. Mais pour celà, Fillon va devoir l’entendre jusqu’au bout s’il ne veut pas qu’elle lui échappe.
Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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