Se méfier des chasseurs de « fake news » : ils se révèlent souvent les adeptes des désinformations et des mensonges qu’ils dénoncent. « La désintox a souvent le parfum de l’intox », note la spécialiste des médias, Ingrid Riocreux (1), exemples à l’appui. Dans son livre, elle stigmatise « le monde idéal du Journaliste, où tout le monde est favorable à l’IVG et à l’immigration, où règne un consensus universel parfait sur la question du réchauffement climatique, où tout le monde considère Donald Trump uniquement comme un histrion, (…) ». La mode est, ces temps-ci, à la « déconstruction » d’informations qui dérangent. L’exercice est rarement très convaincant. Les redresseurs de torts, presse écrite comme audiovisuelle, s’y adonnent néanmoins avec gourmandise. Ce sont les mêmes faux curés qui adorent depuis toujours prêcher la morale, quitte à plier les réalités à leur idéologie humanitariste. Ces pédago-justiciers appartiennent à un petit monde en quête de respectabilité : il a de lui-même une opinion si élevée qu’il juge ceux qui lui tournent le dos comme des arriérés. Dernièrement, la meute éreintait ainsi les « complotistes » qui alertaient, comme votre serviteur (bloc-notes du 14 décembre), sur la signature, le 10 décembre 2018 à Marrakech (Maroc) du « pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », ratifié notamment par Emmanuel Macron. Les traqueurs de « fake news » juraient que ce texte, présenté en effet comme non contraignant, n’avait aucune incidence sur les politiques migratoires pourtant promues en termes élogieux. Ce que nous y lisions n’était donc pas ce que nous y lisions…
C’est pourtant en appui de ce pacte, également signé par le Vatican, que le pape François a argumenté son « discours aux migrants », samedi à Rabat. Il a appelé « à passer des engagements pris » à des « actions concrètes pour considérer les migrants comme des personnes et non des numéros ». Sa position vient démentir les bobards colportés par une maréchaussée mobilisée dans l’enfumage toxique. Le pape considère, logiquement, que le texte signé l’engage et qu’il doit être suivi d’effets. La France comme Le Vatican ont ainsi accepté de « recadrer le discours sur la migration », de faciliter le regroupement familial, de valoriser les cultures accueillies. Les signataires (160 pays) sont d’accord plus généralement pour défendre une immigration qui « contribue à la prospérité mondiale », pour sanctionner financièrement les médias mal-pensants, pour ne pas faire de différence entre l’immigré légal et le clandestin. Non seulement le pacte de Marrakech offre, comme je le soulignais, un socle pour des jurisprudences et des lois futures, mais il autorise dès à présent à promouvoir une ouverture à l’immigration de peuplement. « Vous n’êtes pas des marginaux, a assuré le pape aux migrants, vous êtes au centre du cœur de l’Eglise >. Pour le Chrétien, selon le pape, un immigré est « le Christ lui-même qui frappe à nos portes ». Ceux qui ont banalisé le pacte de Marrakech en insultant les lanceurs d’alerte ont menti. Ce sont les mêmes professionnels du déni.
(1) Les marchands de nouvelles (L’Artilleur)
Je participerai, mardi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)
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