En voulant « punir » Bachar el-Assad, François Hollande entendait aussi corriger l’image d’une France en déclin, en montrant sa puissance et sa détermination. Mais il est risqué de vouloir mener une guerre pour des seuls motifs de politique intérieure et de prétendre être ce que l’on n’est pas. Aujourd’hui, le chef de l’Etat se retrouve seul et impuissant à agir, après la défection de la Grande-Bretagne et l’attentisme des Etats-Unis, qui ont remis à plus tard d’éventuelles frappes contre des sites syriens. La France se révèle incapable d’être à la hauteur de ses ambitions militaires et de ses rodomontades. Hollande s’est laissé ridiculiser par Barack Obama, qui lui-même a confirmé l’indécision de son tempérament. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, a pour sa part démontré l’insuffisance de sa suffisance, lui qui traitait Nicolas Sarkozy de « caniche » de George Bush. Dans cette affaire syrienne, la diplomatie française a été le toutou aboyant d’Obama, toutou qui risque de retourner à la niche.Rien n’est solide dans la posture martiale de Hollande, à commencer par sa certitude de la responsabilité d’Assad dans la décision d’utiliser des gaz mortels, le 21 août. Comme l’a rappelé Valéry Giscard d’Estaing, ce lundi matin sur Europe 1, on se demande quel intérêt Assad aurait eu à ordonner ce type de bombardements dont les Etats-Unis avaient fait une < ligne rouge >. Identifier les coupables est un préalable dont ne peuvent s’exonérer les nouveaux va-t-en-guerre qui, lors de l’intervention en Irak en 2003, étaient majoritairement au côté des adeptes du « soft-power » et de la dénonciation de l’unilatéralisme. Les voilà qui emploient les méthodes qu’ils décriaient alors en compagnie de la Russie, de la Chine et de la Syrie qu’ils combattent cette fois. Ce tête-à-queue est la conséquence de la confusion des esprits qui se dégage du camp occidental, mené par Les Etats-Unis et, d’une manière moins convaincue semble-t-il, par Israël.En 2003, les Etats-Unis répondaient, avec la destitution de Saddam Hussein, à l’attentat du 11 septembre 2001. Il y eu beaucoup de maladresses et de morts inutiles, mais il était loisible de défendre (ce que je fis à l’époque) la légitimité d’une réplique contre l’islamisme en tentant d’instaurer un début de démocratie en Irak. Celle-ci laisse encore à désirer. Mais l’idée démocratique a atteint depuis d’autres pays voisins, à commencer par l’Iran et l’Egypte. Or, dix ans plus tard, il ne s’agit plus pour les Etats-Unis, en Syrie, de répliquer au 11 septembre. Obama et ses suiveurs croient utile, cette fois, de prendre position dans un conflit complexe entre sunnites et chiites, avec le risque de soutenir les Frères musulmans, qui font obstacle à la démocratisation des pays musulmans. Ce conflit n’est pas celui de l’Occident affaibli. Il a tout à perdre à armer ceux qui veulent sa perte. La France n’a rien à y faire et il est à espérer que le parlement sera invité, à l’image de nos alliés de circonstance, à s’opposer à cette folie.

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