Peu importe la question ; la réponse est non. Ainsi fait la gauche, qui applique un antisarkozisme qu’aucune alternative ne vient étayer. Même le plan de soutien aux ménages modestes a été dénigré. Le jeu politique ressemble à celui d’une récré. Un mot, mal pris, suffit à rejeter une réforme. Des enseignants-chercheurs, qui se plaignent d’avoir été chambrés par le président, en sont à contester la nouvelle autonomie des universités, tandis que d’autres veulent conserver les désastreux instituts de formation des maîtres (IUFM). Affaiblir l’État est le but, plus sérieux, de ces enfantillages.
L’émoi suscité, cette semaine, par le choix présidentiel de nommer François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée, à la tête du nouveau groupe Caisses d’épargne-Banques populaires, s’inscrit dans ce contexte irrationnel : l’opposition, qui reprochait au pouvoir de ne pas entrer dans le conseil d’administration des banques bénéficiant de ses prêts, lui fait cette fois procès d’y prendre ses aises. Il serait plus opportun de débattre de ce nouvel interventionnisme public : il risque de retarder la sortie de crise, en alourdissant l’endettement du pays.
Cette stratégie du refus, mise en scène par les médias amis, participe à la chute de Sarkozy dans les sondages. Mais cette démolition, qui s’en prend aussi à la réforme territoriale conduite par Édouard Balladur, ne propose rien. Se souvenir du tollé suscité par la suppression de la publicité sur les chaînes publiques  : aujourd’hui, qui s’en plaint ? Non contente d’être devenue la plus bête du monde, la gauche se révèle méchante. « Je regrette ce climat haineux qui se développe contre tout ce qui touche la personne du président », confie Michel Charasse (PS).
Le « régressisme » se donne en spectacle. Le député PS André Vallini a raison de s’inquiéter, lundi, de voir les socialistes « apparaître comme des conservateurs ». C’est cette réalité qui rend la gauche si peu crédible. Ses coups de boutoir, qui ébranlent un pouvoir en plein doute, la fragilisent elle-même. Or elle joue avec le feu : ce sont les élites qui risquent d’apparaître, une fois de plus, dans leurs insuffisances face à la gravité des événements. En Guadeloupe, un collectif a su contourner la légitimité des élus locaux (majoritairement socialistes) pour imposer le pouvoir totalitaire et extrémiste de la rue. L’affront est à méditer.
Déficit d’autorité La gauche croit voir une « dérive autoritaire » du pouvoir. Elle annonce une journée de « défense des libertés menacées ». Pourtant, c’est un déficit d’autorité qui s’est laissé voir dans la crise antillaise. Les libertés menacées l’ont été par les méthodes violentes du LKP, qui mène la rébellion depuis le 20 janvier, date du sacre de Barack Obama. Les témoignages confirment que l’organisation d’Élie Domota, promu héros, a eu recours aux brutalités pour faire fermer des magasins, mais aussi aux manipulations médiatiques pour victimiser les insulaires et aux désignations ethniques pour terroriser les Blancs. La tentation du retour, évoquée par des métropolitains, est la conséquence d’un désir d’épuration recherché par ce collectif. Que dit la gauche vigilante ?
L’exigence du LKP d’une « Guadeloupe aux Guadeloupéens » et d’une « priorité d’embauche aux Guadeloupéens en Guadeloupe » serait-elle devenue admissible pour les défenseurs du vivre ensemble ? La dénonciation d’un « génocide par substitution », qui voit dans la présence des métropolitains une menace pour l’identité antillaise, serait-elle compatible avec la diversité ? Le slogan « La Guadeloupe c’est à nous ! La Guadeloupe c’est pas à vous ! » serait-il conciliable avec l’impératif d’ouverture, de métissage, de multiculturalisme ? Face à ces incitations à la haine raciale, le silence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et des organisations antiracistes ridiculise leur moralisme équivoque.
L’appui apporté aux grévistes par Ségolène Royal, à Pointe-à-Pitre, à l’occasion des obsèques du militant tué par des émeutiers, est celui de cette gauche immature et incendiaire qui flatte des insurgés ayant humilié les élus et met ses pas dans ceux de l’extrême gauche. José Bové et Olivier Besancenot avaient précédé l’ex-candidate à la présidentielle, qui a évoqué une possible « Révolution française ». Certes, Martine Aubry s’est gardée de tels propos. Mais le PS a cautionné des maîtres chanteurs indépendantistes qui ont pris une population en otage. Cette complaisance, qui s’est retrouvée au sein du gouvernement, est un échec pour la démocratie représentative. C’est pour éviter de telles dérives populistes et racistes, rendues possibles par une défaillance des élites locales, que les dirigeants se doivent d’être davantage à l’écoute du désarroi des Français, y compris quant à leurs inquiétudes sur une cohésion sociale fragilisée.
Illogique Quand Éric Besson explique, parlant de la Guadeloupe : « Je ne vois et ne veux y voir qu’un malaise économique et social », il illustre le politiquement correct qui consiste à évacuer les sujets dérangeants. Remettra-t-il en cause sa politique d’immigration choisie ? L’augmentation vertigineuse du chômage en métropole rend de plus en plus illogique le choix d’y faire venir d’autres travailleurs. Mais le ministre de l’Immigration veut-il voir ce malaise qui se profile ?

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex