Vincent Peillon se fâche. Dans Libération de ce mercredi, le ministre de l’Education déclare : « Nous n’allons pas reculer sur nos valeurs, sur l’égalité filles-garçons, sur la lutte contre le harcèlement, l’homophobie, les discriminations (…) Cela suffit ! ». Il poursuit : « Une interdiction lexicale commence même à peser sur le mot genre- première étape des pensées totalitaires. On a tous rempli des papiers nous demandant notre genre (…) Quand on interdit les mots, on interdit les pensées. » Je n’ai pas souvenir d’avoir jamais été ainsi questionné sur mon « genre ». Mais Peillon veut sans doute parler de « sexe ». S’il n’est pas aussi précis dans son vocabulaire, serait-ce que ce mot, trop clair et déterminé, serait devenu à son tour interdit ? « Race » vient d’être supprimée des documents officiels par les socialistes. L’expression « Français de souche » vaut à Alain Finkielkraut d’être insulté pour l’avoir employée lors d’une émission de télévision, alors que le gouvernement parle lui-même de « Français d’origine étrangère ». « Parents » est préféré à « père » et « mère » par les déconstructeurs de stéréotypes, en pleine effervescence. D’autres mots tomberont sous leurs coups. S’il y a un risque de pensée totalitaire, il est chez ceux qui s’emploient à ne pas nommer les choses et à brouiller les raisonnements. C’est-à-dire chez Peillon et ses amis. Il est savoureux d’entendre le ministre de l’Education dénoncer aussi les mensonges de ses contradicteurs à propos de l‘incursion de la théorie du genre à l’école. Mais l’utile promotion de l’égalité filles-garçons en primaire est une manipulation quand elle se met au service du militantisme féministe et homosexuel et sert de prétexte à « arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel »  (Peillon). Il n’est pas question d’interdire la littérature enfantine proposée par les « ABCD de l’égalité », expérimentation promue par le gouvernement. Mais il devrait être permis de trouver choquants des livres comme « Tous à poil ! », ou « Papa porte une robe ». En réalité, le pouvoir dissimule ses choix. Ses « politiques de refondation », qu’il s’agisse de l’Ecole ou de l’intégration, consistent à chaque fois à répondre aux exigences de minorités (sexuelles ou ethniques) en s’abritant derrière des « valeurs ». C’est ainsi que la réforme de l’intégration, relancée mardi par Jean-Marc Ayrault, repose essentiellement sur la « lutte contre les discriminations » : une formule là encore passe-partout, qui laisse comprendre que les Français seraient fautifs des échecs de l’intégration d’une partie de la « diversité ». Cette analyse contestable ouvre logiquement la voie à la discrimination positive et au multiculturalisme, en dépit des démentis de façade.Je participerai, jeudi, à un débat sur BFMTV ( 19h35-19h50)

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex