« Ni changement, ni virage », a assuré, mardi lors de
sa première conférence de presse, François Hollande en parlant de sa politique.
Le nez de Pinocchio s’allongeait à chaque
mensonge. Chez le chef de l’Etat, c’est sa cravate qui le trahit. Hier, elle
glissait une fois de plus à droite. En réalité, le président socialiste est en
train de solder habilement les vieux habits dans lesquels il s’est fait élire,
sans autre programme que son antisarkozysme. C’est un centriste de gauche, un
social-libéral dévoué aux « puissances de l‘argent » qui est apparu hier.
Hollande, par deux fois, à assuré les marchés financiers de sa crédibilité, s’adressant
bien davantage aux agences de notation qu’aux vieux « socialos » fâchés
avec les lois du marché. Il a reconnu la charge excessive des dépenses publiques
(56% du PIB), l’obligation pour l’Etat de réduire sa voilure, la nécessité de
relancer l’offre plutôt que la demande, le coût excessif du travail. Il s’est fait
l’allié du capitalisme, du libéralisme, d’Angela Merkel. Il a, oui, enterré le
socialisme obsolète. Mais pourquoi ne pas l’avouer ? « La vérité, mieux
vaut la dire car elle se découvre toujours », a-t-il déclaré. On ne saurait
mieux dire.
Bien sûr, je me félicite de cette droitisation de la gauche,
conversion intelligente au réalisme et à l’évolution de la société. Pour autant,
je n’attends rien de cette mutation. Après avoir, début septembre, reconnu l’ampleur
de la crise, Hollande en est encore au stade d’énoncer d’autres évidences du
même ordre, sans oser les prolonger par des réformes. Hier, par exemple, il n’a
pas été question de rigueur. En réalité, c’est le modèle social français,
construit sur la solidarité généralisée et la centralité de l’Etat-providence,
qui est à reconstruire. En attendant, les authentiques socialistes n’ont plus
qu’à se signer devant leur utopie défunte. C’est le cas de l’économiste de
gauche Bernard Maris, dans un livre nostalgique et désabusé qui vient se sortir
(1). Il écrit : « Force est de dire adieu à un rêve qui s‘est achevé en
1945. Je n’applaudis pas au rééquilibrage du budget. Ni à la réindustrialisation
de la France. Les anciens socialistes voulaient sortir de l’économie, les
nouveaux y pataugent. Je sais désormais que l’économie, omni-prégnante, a balayé
le rêve socialiste ».
Quant aux centristes de droite et à leurs rêves de grandeur,
ils feraient bien de s’interroger sur leur place et leur avenir face au hollandisme qui vient,
ce caméléon de la synthèse attrape-tout…
(1) Plaidoyer (impossible) pour les socialistes,
Albin Michel
Je participerai, jeudi, à On refait le monde, sur RTL
(19h15-20h)
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