Pas moi qui le dis. Jean-Christophe Cambadélis : « Le PS n’a pas pris la mesure de notre époque. Il fonctionne toujours avec de vieux logiciels ». Le nouveau premier secrétaire du PS aurait-il décidé d’abandonner la langue de bois d’Harlem Désir? Son entretien dans Le Monde de ce mercredi développe, en tout cas, une lucidité peu commune dans l’univers claquemuré du socialisme en déroute. Il dit : « Notre sémantique est devenue effroyablement technocratique. Nous donnons l’impression d’un entre-soi qui écrase la politique (…) Il faut faire redescendre la gauche dans le peuple car aujourd’hui le Parti socialiste donne l’impression de ne s’occuper que de lui-même ». Cela fait belle lurette que ce blog martèle, notamment, cette évidence. La voir confirmée par le patron du PS  est un encouragement à poursuivre dans la dénonciation de la gauche sectaire et dogmatique, qui préfère les œillères aux réalités. Alors que la gauche allemande s’est ouverte au réformisme et aux lois du marché il y a 55 ans, il est désespérant de voir les socialistes français accumuler autant de retard. Que 41 députés PS sur 265 aient préféré s’abstenir, mardi soir, sur le « programme de stabilité » de Manuel Valls – qui propose pourtant un très pâle ersatz de plan de relance – rappelle l’archaïsme antilibéral qui habite une partie des « progressistes », à rebours d’une opinion pragmatique qui s’ouvre de plus en plus au libéralisme et à un changement de système. Rappelons (Les Echos de ce mercredi) que 73% des Français  approuvent la réduction du nombre de fonctionnaires, 59% la baisse des dépenses maladie, 51% le gel des prestations sociales…Mais si Cambadélis veut vraiment que la gauche retrouve le peuple, celle-ci va devoir accepter de l’entendre parler net à propos d’identité, d’insécurité, d’immigration. Certes, le premier secrétaire du PS admet que « ces questions ont pris le pas sur tout le reste ». Sur le FN, il reconnait : « Nous continuons de commettre une erreur d’interprétation : le FN n’est pas un parti fasciste, voire nazi ». Reste que Cambadélis se montre hostile à ces problèmes. Il les caricature en les résumant à une exigence de « purification culturelle » ou à une « chasse à l’anti-France ». Il accuse ceux qui se désignent comme « Français de souche » de se sentir « supérieurs aux  » Français de papier » »et de créer « les conditions d’une guerre civile entre les communautés ». Il ne veut pas comprendre que les Français ont simplement le désir de rester Français. Le risque de guerre civile, qui existe en effet, est porté par ceux qui refusent de se plier aux règles de la république et aux modes de vie d’une nation plus que millénaire. S’il faut se réjouir de la lucidité de Cambadélis sur l’état du PS, elle trouve donc rapidement ses limites. Il y a d’ailleurs une incohérence à voir cette gauche prôner la non discrimination et l’ouverture aux autres, tout en défendant avec Alstom une politique industrielle nationaliste et un brin xénophobe. « Nous défendons notre souveraineté », explique Arnaud Montebourg pour justifier les réserves du gouvernement face à l’Américain General Electric, candidat au rachat du fleuron français de l’énergie. Il est très bien que la gauche veuille défendre la souveraineté de la nation et la protéger de l’extérieur. Mais ce ne sont pas les industriels étrangers, créateurs d’emplois et de richesses, qui doivent être les cibles de cette politique irrationnelle.

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