Les tragédies maritimes qui se succèdent en Méditerranée sont la mauvaise conscience de l’Europe. « L’Europe est coupable de non assistance à personne en danger, elle nous fait honte », déclare Bernard Kouchner, ce lundi dans Le Parisien, après la noyade au large des côtes libyennes, ce week-end, de près de 700 passagers d’un cargo pourri faisant route vers l’Italie. Selon Gila Arias, directeur adjoint de l’Agence de contrôle des frontières extérieures de l’Europe (Frontex), il serait temps d’envisager l’ouverture de « nouvelles voies d’immigration légale », afin d’éviter de telles hécatombes. Pour sa part, Cecilia Malstrom, commissaire européen, ne cesse de redire, au nom de l’Union européenne, que « l’immigration est une opportunité pour l’Europe ». C’est d’ailleurs la Cour de justice de l’UE qui a dernièrement condamné l’Italie, au prétexte qu’elle avait débarqué en Libye, après la chute de Kadhafi,des migrants secourus en mer. D’une manière générale, la Cour européenne des droits de l’homme interdit le principe du refoulement des clandestins. Et le Vatican n’est jamais loin pour donner raison à ces compassions, qui font en effet la grandeur de la civilisation occidentale. Dans le même temps, l’Afrique du Sud, héritière de Nelson Mandela, est le théâtre de violences racistes contre des Africains immigrés. Faudrait-il donc que l’Europe angélique s’ouvre toujours plus aux déshérités, au nom de la préservation de son exemplarité ? Ils seraient plus d’un million à attendre en Libye. En réalité, hormis les exaltés de l’immigration, qui se gardent d’aller au bout de leur générosité affichée en se proposant d’accueillir personnellement de ces malheureux, d’élémentaires réserves se laissent percevoir chez les dirigeants. Sauront-ils entendre l’inquiétude des peuples qu’ils représentent? Ces exodes maritimes massifs, qui rendent chaque jour plus prophétiques les scènes imaginées par Jean Raspail dans Le Camp des Saints (relire par exemple, chapitre 20, les pages 156 à 164), deviennent des éléments tangibles d’une possible submersion de l’Europe. François Hollande l’a vaguement suggéré, dimanche sur Canal +, en qualifiant les passeurs de « terroristes ». Harlem Désir, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, a été un peu plus précis samedi, sur Europe 1, en reconnaissant que des « terroristes » organisaient, en Libye, les exodes et leurs financements. En février, l’Etat islamique avait lui-même menacé d’envoyer vers l’Italie de 500.000 à 700.000 migrants, sur d’innombrables petites embarcations. L’une d’elle vient encore de sombrer, ce lundi matin, avec plus de 300 personnes à bord. Comme le reconnait un officier de renseignement libyen interrogé dans Le Monde de ce week-end : « Il y a une stratégie des djihadistes d’utiliser les migrants pour déstabiliser l’Europe. Ils travaillent sur le long terme. ». Sachant cette offensive de Daesh, qui est donc prêt à utiliser des candidats à l’exode comme boucliers humains, est-il raisonnable de voir l’Union européenne et les belles âmes universalistes prêter main forte à la destruction recherchée d’une civilisation? Evidemment non. C’est de toute urgence que doit s’ouvrir une Conférence internationale afin de définir les protections d’accès à l’Europe bonne fille. L’Australie, qui ne s’embarrasse pas d’états d’âme pour reconduire les bateaux illégaux, est un exemple efficace. Quand aux riches pays du Moyen-Orient ou d’Afrique noire, ne pourraient-ils monter davantage d’hospitalité avec leurs frères ? Je participerai, ce lundi, à On refait le monde sur RTL (19h15-20h)
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