Marine Le Pen, saluée par les Américains au même titre que Barack Obama, Vladimir Poutine, le premier ministre grec Alexis Tsipras, le pape François ou le dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-un : c’était mardi soir, à New-York, au cours de la cérémonie de gala organisée par l’hebdomadaire Time, qui honorait ainsi les 100 personnalités les plus influentes du monde. L’économiste français Thomas Piketty a également été retenu dans ce palmarès prestigieux. Commentaire, hier soir, de la présidente du FN, en tenue de soirée : « Cette distinction est le symbole qu’outre-Atlantique on considère que le Front national est un mouvement sérieux, un mouvement de gouvernement, et que peut-être dans quelques mois il y aura en France des changements importants (…) Je suis fière pour mon pays, je suis fière que les millions de Français qui font un choix différent de l’UMP et du PS soient présents un peu ce soir. Vous voyez, la France des oubliés, ce soir, n’est pas oubliée ». Le silence des autres ténors français suffit, ce mercredi, à rendre palpables leur incompréhension et leur agacement. Il est vrai que ce classement, outre qu’il promeut internationalement une femme politique diabolisée par le système français, fait ressortir le peu d’originalité de ses adversaires. La crise de la politique, incapable de penser les mutations de la société, se lit dans les absences de François Hollande, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, etc. Ce qui est, là-bas, reconnu à Marine Le Pen est précisément ce qui manque, ici, à ces hommes d’Etat : une vision du monde libérée des pensées fléchées, et un caractère suffisamment affirmé pour être partout identifiable. Ce palmarès n’est évidemment pas un ralliement politique. Les options de la présidente du FN ne sont pas plus avalisées que celles du président américain ou du dictateur nord-coréen. Reste que cette reconnaissance de la puissance de Marine Le Pen, que Time n’avait pas retenue pour son père, consolide davantage sa stature nationale et son ambition présidentielle. D’autant que la sortie de l’euro qu’elle préconise depuis longtemps n’est plus, à mesure que la Grèce s’épuise, un scénario invraisemblable. Le Monde de mardi consacrait deux pages au thème : « Peut-on encore sauver l’euro ? », en reconnaissant : « Ils sont rares, même parmi les aficionados les plus convaincus, à juger positif le bilan de quinze ans de devise européenne ». De surcroît, l’attaque de Hollande, dimanche sur Canal+, accusant Marine Le Pen de parler « comme un tract du parti communiste des années 1970 », est venue rappeler en l’occurrence que le PS de François Mitterrand avait justement fait alliance dès 1972 avec ce PCF-là. Le président aurait-il voulu aider le FN à rejoindre les « partis républicains » qu’il ne s’y serait pas pris autrement avec cette analogie. Faut-il également insister sur les actuelles pressions migratoires venues de la Libye fracturée ? Elles rendent plus actuelle que jamais la déclaration de Georges Marchais du 6 janvier 1981, que la gauche aimerait oublier : « Il faut arrêter l’immigration, sous peine de jeter de nouveaux travailleurs au chômage (…) Je précise bien : il faut stopper l’immigration officielle et clandestine (…) ». Sur ce thème, le FN joue sur du velours…
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