Taisez-vous, Robert Ménard ! Voilà ce que répètent, depuis mardi, les dénégationnistes dont j’évoquais ici les méthodes lundi, ignorant cette apothéose dans la dissimulation des faits. Pour ces faussaires, la réalité ne doit pas apparaître si elle doit faire le jeu du FN. C’est ainsi qu’un voile pudique recouvre depuis toujours les chiffres de l’immigration, qui déséquilibre pourtant la cohésion nationale. Pour avoir violé cette omerta, le maire de Béziers, orfèvre en provocations il est vrai, a déclenché l’hystérie des faux-culs. De droite et de gauche, ceux-là trouvent insupportable sa déclaration, lundi soir sur France 2 : « Dans ma ville, il y a 64,6% des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles (…) Je trouve que c’est trop car on n’assimilera personne ». Comment en est-il venu à ce pourcentage ? « Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardons de vous dire que le maire a les noms classe par classe des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit, mais on le fait. Les prénoms disent les confessions. Dire l’inverse, c’est nier une évidence ». François Hollande, depuis Riyad (Arabie saoudite), a rappelé que « le fichage d’élèves » était « contraire à toutes les valeurs de la République ». « Honte au maire, la République ne fait aucune distinction parmi ses enfants », a tweeté Manuel Valls. « Ficher des enfants c’est renvoyer aux heures les plus sombres de notre histoire », a commenté Bernard Cazeneuve. Ménard, qui s’est défendu ensuite d’avoir établi un « fichier » (il laisse comprendre qu’il a eu accès aux listes des établissements scolaires), doit être entendu ce mercredi par la police pour « tenue illégale de fichiers en raison de l’origine ethnique ». Une perquisition à la mairie a préalablement été menée dès mardi par quatre policiers. Au nom de l’UMP, Gérald Darmanin a invité le premier ministre à suspendre Ménard si le fichage était avéré. Mais au nom de quoi serait-il illégal de connaître la nouvelle composition ethnique et religieuse de la société ? Rien de s’y oppose, hormis en effet le préambule de la Constitution qui interdit « toute distinction de race, de religion ou de croyance ». C’est pourtant Valls lui-même qui s’est dit, dès 2009, favorable aux statistiques ethniques. C’est lui qui, récemment, à parlé d’ »apartheid », en avalisant une séparation raciale. Quand les sondeurs ont indiqué que 86% des musulmans avaient voté Hollande en 2012 , personne ne s’est indigné. Lorsque les plus radicaux d’entre ces derniers réclament leur « visibilité » dans l’espace public, ils trouvent d’ardents défenseurs chez les procureurs de Ménard. Oui, cette polémique est malhonnête : elle tend à faire croire que l’assimilation serait généralisée, alors que tout le monde admet qu’elle est un désastre. Le maire de Béziers a donc raison de mettre les pieds dans le plat, même si sa méthode d’évaluation est empirique. Le scandale est d’interdire politiquement que des vérités soient dites, de peur de donner raison à ceux qui alertent sur la fracture identitaire. D’autant que, contrairement à ce qu’assurent depuis hier les perroquets, les statistiques ethniques ne sont pas interdites. C’est ce qu’écrivent la démographe Michèle Tribalat et le statisticien Bernard Aubry, dans la dernière livraison de la revue Futuribles. Selon eux, la loi du 6 août 2004 « a autorisé la collecte de données très personnelles, dont celles faisant apparaître les origines ethniques et les opinions religieuses, par la statistique publique », c’est à dire notamment par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). La question est de savoir pourquoi cet institut met tant de mauvaise volonté, voire de blocage, à utiliser ces instruments de mesure de « ségrégation de voisinage ». La réponse se devine : il reste préférable d’alimenter le flou…
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