L’appel à la liberté d’expression, lancé ce mercredi par plus de cent médias français (dont Le Figaro), est une tardive mais heureuse initiative. Il est certes regrettable que mes confrères, apparemment gagnés par l’esprit résistance, se gardent prudemment de nommer l’ennemi des « esprits libres » qu’ils défendent, à savoir l’islam politique et ses censures. L’adversaire, apparemment intimidant, se devine néanmoins derrière les euphémismes utilisés dans le texte : « organisations terroristes internationales », « fanatiques », « idéologies totalitaires nouvelles prétendant parfois s’inspirer de textes religieux », etc. Cette prise de position solennelle vient en solidarité avec Charlie Hebdo, hebdomadaire toujours menacé par des djihadistes alors que se tient le procès des assassins de ses journalistes. Retenons notamment cette phrase du manifeste, qui engage la presse malgré son imprécision sur la menace : « Nous devons prendre la résolution de ne plus rien céder à ces idéologies mortifères ». Ce ne sont évidemment que des mots. Mais ils invitent déjà ceux des médias signataires qui ont pour habitude, comme Libération, de brandir l’ « islamophobie » pour contester toute approche critique de l’islam, à remiser cet argument qui fait le jeu des ennemis de la liberté d’expression. Reste ce doute : faut-il croire à la généralisation d’un réveil des somnambules à cartes de presse ? Quand, en 2006, le philosophe Robert Redeker dût se résoudre à vivre caché et sous protection policière après avoir écrit dans Le Figaro un article dénonçant « la haine et la violence » présentes dans le Coran, la presse se désintéressa de son sort, quand elle ne critiqua pas son texte (comme Le Figaro le fit, hélas…). Depuis des années, les médias se sont bien peu mobilisés pour contester les atteintes successives portées par les gouvernements à la libre opinion, à travers des lois mémorielles ou prétendument moralisatrices. Selon la philosophe et essayiste Anne-Sophie Chazaud (1) : « La France se place dans le peloton de tête des pays les plus liberticides en matière de suppression de contenus sur les réseaux sociaux ». Le 1er septembre, un éditorial du Monde, réagissant à un article de Valeurs Actuelles sur la députée (LFI) Danièle Obono représentée en esclave, invitait à « condamner la banalisation dans des émissions généralistes (de télévision) d’une parole extrémiste ». Le Monde fait partie des médias qui découvrent l’urgence qu’il y a à défendre la liberté, qu’il contestait récemment à un confrère. Espérons, à ce stade, que cette lucidité attendue n’est pas feinte. (1) Liberté d’inexpression, l’Artilleur Je participerai, ce mercredi, à L’heure des pros 2 sur CNews (20h-21) je présenterai mon livre, Le réveil des somnambules, jeudi sur Sud Radio (9h15-9h45) avant de participer à La belle équipe sur Cnews (14h-15h)

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