Si un peuple se rebelle, c’est qu’il a de bonnes raisons. Quand le Financial Times compare l’arrivée au pouvoir des « populistes » italiens à celle des « nouveaux barbares », il illustre la sottise des « élites », incapables de cacher leur mépris pour ceux qui ne les suivent pas. C’est ce lundi que Matteo Salvini (La Ligue) et Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles) doivent faire connaître leur accord de gouvernement et le nom du premier ministre qu’ils se sont choisis. Ces deux mouvements « anti-système » ne trouveront évidemment pas grâce aux yeux de Bruxelles, contre qui ils ont des comptes communs à régler. Mais le dynamisme est du côté de l’insurrection italienne contre les excès d’autorité d’une Union européenne technocratique et comptable. Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a laissé voir son incompréhension de la nouvelle histoire qui s’écrit, en ayant jugé bon de faire la leçon, dimanche, au futur gouvernement italien. « Chacun doit comprendre en Italie que l’avenir de l’Italie est en Europe et nulle part ailleurs, et pour que cet avenir soit en Europe, il y a des règles à respecter », a-t-il déclaré. La réplique de Salvini a été à la hauteur de l’inutile prétention : « Que les Français s’occupent de la France et ne mettent pas leur nez dans les affaires des autres ».
Les donneurs de leçons n’ont d’ailleurs pas fini de s’étrangler. Tandis que les censeurs rêvent ces jours-ci de mettre l’internet sous contrôle afin de traquer les propos « xénophobes » ou les « appels à la haine », les populistes italiens assument une politique d’immigration à rebours des pressions des moralistes du moment. La Ligue s’est même engagée à rapatrier 500.000 clandestins, sans que le Mouvement 5 étoiles y trouve apparemment à redire. C’est la première fois qu’un grand pays d’Europe de l’ouest ose aller si loin dans la rébellion contre le politiquement correct. Seuls jusqu’alors les pays d’Europe centrale ou de l’est s’étaient risqués, avec succès, dans cette voie de reconquête des frontières et des souverainetés. Certes, il n’est pas sûr que le réalisme économique soit la qualité première du programme qui va être dévoilé aujourd’hui. L’endettement du pays (132% du PIB) ne semble pas être un obstacle pour la coalition des deux formations, qui veulent à la fois baisser les impôts et augmenter les aides sociales. Il n’empêche : ce pays cofondateur de l’Union européenne est en train de devenir le porte-voix d’autres peuples excédés par Bruxelles et sa philosophie humanitariste insensible aux angoisses d’un vieux continent ouvert aux quatre vents.

Partager cet article
S’abonner
Notifier de

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
0
Laisser un commentairex