Emmanuel Macron comprend-il ce qui lui arrive ? C’est ce lundi soir que le chef de l’Etat sortira de son silence. Son entourage promet un exercice d’humilité. Dès vendredi, devant des maires des Yvelines reçus à l’Elysée, il aurait reconnu quelques « conneries », comme l’application des 80km/h ou la baisse de 5 euros des APL. Mais il suffit de lire les agacements de beaucoup de macroniens face aux Gilets jaunes, vus comme des sortes de ploucs décérébrés et fascisants, pour mesurer le parcours que Macron doit effectuer s’il veut retrouver ce peuple perdu. Alors que la préférence immigrée est un sujet qui explique en partie la révolte de la France oubliée, Macron a délégué un secrétaire d’Etat, Jean-Baptiste Lemoyne, pour avaliser ce matin, à Marrakech (Maroc), le « pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ». Ce texte, que le gouvernement présente comme non contraignant et préservant la souveraineté, incite à « promouvoir le respect mutuel des cultures, des traditions et des coutumes entre les communautés d’accueil et les migrants ». Son plaidoyer pour les droits de l’homme et des « sociétés inclusives » reprend le vocabulaire des propagandistes du multiculturalisme, ce cheval de Troie de l’islam politique. Le pouvoir dénonce des « fake news » et l’ombre de l’extrême droite chez ceux qui mettent en alerte contre cet engagement moral léonin. Ce faisant, la macrocrature aux abois utilise les mêmes injures et intimidations également déversées, en vain, sur les Gilets jaunes. Macron saura-t-il cesser de prendre les Français pour des imbéciles ?
Si la République a su montrer sa force, samedi à Paris, en contenant des manifestants (mais pas les casseurs d’extrême gauche, ni les pilleurs des cités), le chef de l’Etat reste fragilisé. La haine qu’il suscite chez les Gilets jaunes, avec l’approbation d’une majorité de sondés, l’oblige à s’interroger sur lui-même. Ses soutiens les plus ardents ne lui rendent d’ailleurs pas service quand ils persistent à caricaturer un mouvement populaire qu’ils ne comprennent pas. Ceux qui assurent ne pas discerner les revendications ni les programmes des révoltés raisonnent selon les normes de leur ancien monde. Les prétendus bouseux bas de front, que moque une ridicule « élite » parisienne, sont en phase avec la révolution numérique et l’ubérisation des comportements politiques. Une intelligence collective foisonne sur les réseaux sociaux, là où s’écrivent les cahiers de doléance. « Le meilleur moyen d’avoir une bonne idée est d’en avoir beaucoup », expliquait Linus Pauling, prix Nobel de chimie. Nulle agence de communication n’a été utile pour choisir l’idée géniale du gilet jaune comme symbole d’une détresse collective et d’une exigence de visibilité. Le recours aux algorithmes peut parfaitement faire ressortir les lignes de force des revendications. Elles ne s’arrêtent pas au pouvoir d’achat que tentera de résoudre ce soir le chef de l’Etat. Elles posent aussi le problème de la protection culturelle des Français de France, et de leur place dans la vie politique. Pour Macron, c’est un changement de cap qui lui est demandé. Au risque de voir les Gilets jaunes, demain, bousculer le gouvernement.
Je participerai, mardi, aux Voix de l’info sur CNews (22h-23H)
S’abonner
0 Commentaires
le plus récent