Arrêtez les frais ! Un autre « Grand débat » sur la présidentielle n’est pas nécessaire. La resucée prévue le 20 avril (1) n’apportera rien de plus à la longue et fastidieuse soirée d’hier (près de 4 heures !) diffusée par CNews et BFMTV. Elle n’a d’ailleurs recueilli que 6,3 millions de téléspectateurs. Il est vrai qu’il ne fallait rien attendre d’une formule imposant à chacun des onze candidats un temps de parole en pointillé, limité à chaque fois à une minute trente environ. Il est évidemment loisible de saluer l’exercice démocratique, qui a permis à des personnalités méconnues d’exposer leurs idées. Mais ce Café du Commerce ne pouvait être à la hauteur des enjeux de la présidentielle, ni moins encore de l’image qui est attendue de la cinquième puissance mondiale. La lutte des classes, promue par Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, a fait rappeler que ce communisme qui se pavane et fait la leçon reste l’héritier de celui qui, au XXe siècle, a causé plus de cinquante millions de morts. La faucille et le marteau, qui se retrouvent aussi parfois sur des drapeaux brandis lors de meetings de Jean-Luc Mélenchon, m’indignent autant que la vision d’une croix gammée. Mais si le régime nazi a connu son procès de Nuremberg, qui a heureusement criminalisé son idéologie et son insigne, le communisme n’a jamais eu à se confronter à ses propres massacres. Il passe à la télé…
La France réelle ne peut se résumer à cette grande majorité de candidats hostiles au libéralisme et à l’Europe, hormis François Fillon et Emmanuel Macron. Les réponses à la crise de l’endettement et à celle de l’identité nationale n’ont de ce fait été qu’esquissées. Ce mercredi, de nombreux médias promeuvent Poutou en vainqueur du show, pour avoir notamment accusé Fillon de corruption, dans un numéro de démagogie attendue. C’est dire à quel point les débats volent bas. Pour ma part, j’ai trouvé Fillon sobre et efficace, comme à son habitude. Je le vois comme le gagnant de cette épreuve. Macron ressemble de plus en plus à un personnage théâtral, désincarné et insincère ; à minuit, son carrosse s’est transformé en citrouille. Marine Le Pen a souvent fait figure de modérée devant les « révoltes » de Jacques Cheminade ou les violents assauts contre l’Union européenne de François Asselineau. Si Benoît Hamon n’imprime toujours pas face à un Mélenchon de plus en plus hugolien, Nicolas Dupont-Aignan a fait valoir son envergure politique et s’en est bien sorti. Je retiens aussi cette constatation du déroutant Jean Lassalle, faite après avoir arpenté les banlieues : « Il y a des enfants de France qui veulent mettre un terme à notre civilisation ». Mais comme il avait dépassé son temps imparti, les journalistes lui ont demandé d’abréger.
(1) Dans la soirée de mercredi, France 2 a annoncé qu’elle renonçait à organiser ce débat

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