Faire barrage fait monter le niveau. Cette donnée ne s’applique pas seulement aux eaux retenues. Les voix comprimées peuvent aussi produire cet effet. Rien de tel, pour faire croître le vote FN, que de poursuivre la stratégie du No pasaran !, héritée des républicains espagnols. Ce lundi, Libération publie sur une page entière un texte de Serge et Beate Klarsfeld cosigné par les Fils et Filles des Déportés Juifs de France. Il y est notamment écrit : « JAMAIS dans l’histoire de notre pays les Français n’ont voté majoritairement pour l’extrême droite (…) Le Front national est un parti dont l’idéologie dangereuse et périmée nous ramène aux années trente. Le FN ne représente pas le changement mais un retour en arrière qui serait catastrophique pour les Français (…) ». Quelques pages plus loin, on peut lire « L’appel du monde de la culture contre le FN », signé par une centaine d’artistes. « Nous appelons à faire barrage à Marine Le Pen lors de la prochaine élection présidentielle puis aux législatives qui lui succèderont », écrivent les pétitionnaires. Ils estiment que le FN promeut ‘des idées racistes, antisémites, xénophobes et nationalistes »‘. Confronté à la dynamique de cette formation, le sociologue Emmanuel Todd avait jugé la veille, dans le JDD : « Le peuple est médiocre ». Or cette haine irrépressible portée à un électorat populaire accusé de tous les maux alimente, chez ces nouveaux damnés, un double sentiment d’injustice et de légitime défense. Alors que l’urgence est d’entendre ces Français malheureux, les voilà jugés infréquentables.
Rien n’est plus convenu dans cette campagne que de faire à Marine Le Pen le reproche de sa recherche d’affrontement. Pourtant, c’est Emmanuel Macron, le chantre de la bienveillance, qui désigne le FN comme un « ennemi ». Ce faisant, le leader d’En Marche ! installe dans les esprits une notion de guerre civile qu’il réfute du côté de l’islam totalitaire. La gauche, qui n’a rien à dire sur les grands sujets posés par l’asphyxie migratoire et la montée de l’islamisme dans les cités, déploie également toute sa violence verbale pour disqualifier les solutions qu’apporte ce parti. Les mesures avancées par le FN peuvent être évidemment contestées. Mais la pire des réponses consiste à ne pas vouloir traiter les sujets d’inquiétude portés par ses électeurs. Ceux-là ne méritent pas d’être accusés d’antisémitisme ou de racisme, même s’ils veulent, en effet, un retour à la nation souveraine et à la différence existentielle entre le citoyen et l’étranger. Criminaliser ce conservatisme oblige à dénigrer tout ce qui a constitué la « douce France ». François Bayrou, qui s’était un temps opposé à Macron en se posant en « défenseur de la culture et de la langue française » vient ainsi de virer de bord en assurant (Le Figaro, ce mardi) : « Non, il n’y a pas de culture française, il n’y a pas de littérature française, il n’y a pas de rock français ». Mais il y a des Français, qui n’entendent probablement pas disparaître de sitôt…
Je participerai, ce lundi, à On refait le monde, sur RTL (19h15-20)Je participerai, mardi, à L’Heure des pros, sur CNews (9h10-10h)

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