François Hollande appelle les partenaires sociaux, ce lundi
lors de la cérémonie des vœux, à être « à la hauteur de ce qui s’est produit
dans notre pays ». Mais ce souhait, il devrait d’abord se l’adresser à
lui-même. Certes, les sondages en hausse
(plus vingt points parfois) traduisent une satisfaction de l’opinion sur son
attitude après les attentats terroristes : le président atteint jusqu’à 40% de
popularité et son premier ministre, Manuel Valls, 61%. L’exécutif a tout intérêt
à préserver l’état de grâce de cette union nationale, en rendant obscène un
retour aux revendications, polémiques, accusations. Pourtant, le Pouvoir ne
pourra longtemps faire l’économie de l’autocritique. D’autant que ce sont les
idéologies progressistes qui ont produit les désastres qui s’accumulent sous le
hollandisme. Outre l’échec du socialisme lui-même, voici la gauche confrontée  à la faillite de l’angélisme, de l’antiracisme,
du pacifisme, du pédagogisme, et autres noms en isme qui se dégonflent comme
autant de baudruches sur la place publique. Ce qui est aujourd’hui demandé à
Hollande est l’exercice le plus ardu qui puisse être : reconnaître les
erreurs de son camp, erreurs largement cautionnées par la droite mimétique.
Cette nécessité oblige le Système, s’il veut préserver sa place, à sortir du refus de voir qui fait encore réciter ces jours-ci aux politiques et aux
médias suiveurs : « Ceci n’est pas l’islam », « ceci n’est pas un
choc de civilisation », « ceci n’est pas une fracture », « ceci n’est
pas de la francophobie », « ceci n’est pas une crise identitaire »,
etc. Autant de dénégations qui font le bonheur des complotistes (Jean-Marie Le
Pen y compris), prêts à voir ou à suggérer la main des Etats-Unis ou d’Israël
dans les attaques contre la  France.
A dire vrai, je ne me fais guère d’illusions sur les capacités
des dirigeants à mener seuls leur propre révolution culturelle. Ils ont
toujours soutenu que la crise n’était qu’économique et sociale, en dégoisant
contre les « populistes » qui mettent en garde contre la crise de
civilisation née d’un peuplement nouveau et massif. Même Bruno Le Maire (UMP) a
déclaré récemment : « Je me battrai contre ceux de ma famille politique
qui disent que la question identitaire est prioritaire ». Mais qu’ont dit les
Français, le 11 janvier, sinon qu’ils voulaient rester Français ? Il
suffit d’entendre les banalités une nouvelle fois ressorties sur l’uniforme à l’école,
l’apprentissage de La Marseillaise et autres mesures marginales pour se
convaincre que le fond du problème ne sera abordé qu’en étroite collaboration
avec la société civile, autrement plus lucide que les « élites » qui n’ont rien vu venir. Avant
de demander à l’Ecole de mieux remplir sa mission, il est urgent de débattre du
modèle de société qu’elle doit transmettre. Est-ce celui de l’assimilation ?
Est-ce celui du multiculturalisme, appliqué dans les faits ? La France est
vulnérable car elle doute d’elle-même, de ses racines, de sa culture, de ses
valeurs. Elle est vulnérable car ses dirigeants tremblent à l’idée de
résister aux intimidations de l’islam radical, qui a déjà fait reculer la
liberté d’expression, la laïcité, la condition des femmes dans les cités. Voilà
les sujets à aborder. Ils obligent à sortir du slogan « Nous sommes Charlie », sympathique mais vide. L’heure est venue pour les Français de rappeler plutôt : « Nous sommes la nation ».
Je participerai, mardi, à Choisissez votre camp sur LCI (10h10-11h),
puis à On refait le monde, sur RTL (19h15-20h)

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