Tentons de comprendre : la démocratie est en danger quand un magistrat se fait transmettre les relevés téléphoniques (fadettes) d’un journaliste. Mais ce même risque n’existe plus quand Nicolas Sarkozy est mis sous écoutes judiciaires durant six mois. Une affaire d’Etat est constituée quand ces écoutes laissent supposer que l’ancien chef de l’Etat aurait tenté de contourner le secret d’une instruction. Mais cette même violation par Médiapart, qui diffuse ce mercredi sept conversations entre l’ex-président et son avocat, Thierry Herzog, est, elle, opportune. Cette flexibilité des grands principes amène à constater que ceux-ci sont brandis quand ils arrangent le pouvoir et ses médias, mais qu’ils sont foulés au pied dès qu’il s’agit de jeter la suspicion sur la droite. La gauche proclame l’indépendance de la justice, mais doit reconnaître que la chancellerie était au courant des écoutes niées par Christiane Taubira. L’Elysée assure de sa neutralité, mais confirme l’entrevue entre François Hollande et les deux journalistes du Monde en charge de l' »affaire Sarkozy ». Tout ce beau monde jure respecter la légalité mais se soucie comme d’une guigne de la présomption d’innocence jetée en pâture. Pour ces garants de l’éthique, Sarkozy est coupable car il n’y a pas de fumée sans feu. La rengaine devient usée.L’antisarkozysme aïgu qui, à quelques jours des municipales, atteint à nouveau la gauche et ses alliés à cartes de presse est le même symptôme qui servait naguère de programme présidentiel aux socialistes paresseux. Il est le résultat d’un grand vide, que deux ans de pouvoir ont accentué. Le bilan du hollandisme est si médiocre que toutes les diversions sont bonnes à exploiter. Reste que l’obsessionnel acharnement contre Sarkozy – que les justiciers de Médiapart ont déjà condamné – fait peu de cas des règles démocratiques dont ce prévalent tous ces procureurs autoproclamés. Bernard-Henri Lévy, soutien de Hollande en 2012, estime que la mise sous surveillance d’un des chefs de l’opposition républicaine s’apparente à un Watergate : « Un Watergate sans plombiers et avec juges, mais un Watergate quand même ». Dans l’affaire initiale d »un improbable financement de la campagne de 2012 par la Libye, aucune preuve n’est ressortie de ces écoutes, qui ont donc bifurqué sur une autre piste visant le trafic d’influence sur un magistrat. Si la gauche donneuse de leçons veut les grands principes, qu’attend-elle pour respecter le secret de l’instruction et la présomption d’innocence ? Et qu’attend-elle pour se montrer enfin à la hauteur de ses responsabilités ?Je participerai, ce jeudi, à un débat dans le 22 h de Public Sénat
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